Une nouvelle gueule pour James Bond

James Bond 007 a la peau dure. C’est le privilège des héros d’user les interprètes sans prendre une ride. Exit Sean Connery et Roger Moore. Voici Timothy Dalton. Il faut espérer que l’histoire du cinéma retiendra son nom autant que celui de son homonyme. Les gaffes en moins bien sûr. A Londres, nous avons suivi les premiers tours de manivelle du nouveau James Bond.C’est devenu une tradition.james Bond Et bien plus, une institution : tous les deux ans, ponctuellement, James Bond 007 réapparaît sur les écrans dans de nouvelles aventures. La quinzième du nom s’intitule prosaïquement «The living daylights» (ce qui peut se traduire par «en voir de toutes les couleurs») et son tournage vient de débuter cet automne, dans l’habituel secret qui entoure chaque production de la série. Pourtant, pourtant, plusieurs éléments concourent à faire de ce James Bond version 87 un événement cinématographique à part entière. Car «The living daylights», bien que concocté parl’équipe de production habituelle, réserve quelques surprises aux fanatiques. Dont la moindre n’est pas la présentation d’un quatrième acteur dans le rôle de l’invincible agent secret britannique! Eh oui, exit — at last — Roger Moore : Spectre et consorts doivent maintenant compter avec un acteur shakespearien du nom de Timothy Dalton, plus connu outre-manche pour ses prestations théâtrales. Dalton arbore un look très aristocratique, sourire aux coins des lèvres, tout à fait dans la lignée du 007 campé par Roger Moore. Choisi au terme de recherches frénétiques (lesquelles ont duré la bagatelle de plu sieurs mois), après d’innombrables «screen-tests» effectués par le réalisateur John Glen, sous l’œil attentif du producteur Albert R. Broccoli, Timothy Dalton a signé (le walther PPK sur la tempe?) pour un contrat de trois ou quatre films. Propulsé quasiment du jour au lendemain dans le rôle le plus célèbre du monde, l’acteur reste relativement prudent dans ses déclarations et fort peu loquace face à la presse (notamment lors de la première conférence de presse tenue au Schwarzenberg Palais de Vienne). 007 étant finalement trouvé, la production pouvait officiellement démarrer. Ce qu’elle ne manqua pas de faire, par ailleurs, à vitesse grand V: «The living daylights» étant déjà annoncé pour juin dans les salles anglaises ! Le tournage a donc débuté sur les rochers de Gibraltar, où se déroule l’habituelle séquence pré-générique. Sans vouloir déflorer le suspense, apprenez néanmoins que 007 participe à un exercice d’entrainement de commandos qui, bien sûr, ne se déroule pas exactement comme prévu. D’une part cette séquence permet d’introduire en douceur le nouveau James Bond, et, d’autre part, elle est cette fois-ci directement liée à l’intrigue principale. Les scénaristes attitrés de la série, Richard Maibaum et Michael G. Wilson, s’en sont donné à cœur joie en ressuscitant l’un des épouvantails soviétiques de lan Fleming (le créateur littéraire de 007), à savoir l’organisation Smiert Spionem… dont la traduction est Mort aux Espions, et, accessoirement, la devise de Smersh! Smiert Spionem est iciune opération internationale visant à éliminer les principaux agents secrets occidentaux. Et devinez qui se trouve en tête de liste? 007 aura donc fort à faire pour échapper aux tueurs soviétiques, d’autant que ces derniers sont en fait manipulés par un triumvirat diabolique composé d’un général soviet (et fou), d’un trafiquant d’armes-dealer US et d’un terroriste (délicieusement baptisé Nécros !) international. Mais un «Bond» ne saurait être complet s’il n’y avait les fameuses James Bond girls. Dans «The living daylights», la Bond girl principale n’est autre que la sensuelle Maryam d’Abo, qui interprète Kara, une tueuse violoncelliste chargée d’abattre un déserteur soviétique. Of course, l’adorable Kara succombera au charme irrésistible de 007. Ainsi qu’à celui de la capitale autrichienne, où nos héros parviennent à échapper aux tueurs du KGB lancés à leurs trousses depuis la Tchécoslovaquie. C’est notamment au cours d’une folle poursuite pour atteindre la frontière que 007 aura l’occasion de se servir des nouveaux gadgets dont est truffée son Aston Martin «volante». Des retrouvailles, en quelque sorte, avec le véhicule mythique associé depuis «Goldfinger» à l’agent secret britannique. Confiée encore une fois aux bons soins du département Q, l’Aston Martin de «The living daylights» promet d’éclipser son illustre modèle et de le reléguer au rang des antiquités! Après Vienne, où John Glen a également tourné une séquence capitale devant l’imposante grande roue du Wiener Prater, l’équipe de tournage changera radicalement de climat en s’envolant pour le Maroc, censé représenter dans le film les contrées moins accueillantes de… l’Afghanistan. L’intrigue du film propulse en effet James Bond en plein «dominion soviétique» dans les griffes de l’impitoyable Whitaker, un méchant typiquement bondien qui compte approvisionner ses amis russes en échange d’une quantité phénoménale d’opium pur… 007 parviendra naturellement à lui échapper, en compagnie de Kara et grâce à l’aide des rebelles afghans. Ce sera ensuite au tour de l’Italie de recevoir l’intrépide agent secret et toute sa clique de techniciens, du côté du lac gelé de Reschen AITI See. Puis à la ville de Tanger (où 007 sème ses poursuivants dans les méandres de la casbah), et, finalement, ce sera le retour au bercail avec les scènes tournées dans le «studio 007 », construit en 1977 pour «L’espion qui m’aimait». Pas de doute, «The living daylights» promet d’être aussi exotique que ses prédécesseurs. Albert R. Broccoli parviendra-t-il à imposer, en l’espace d’un film, l’image de son James Bond, version 80? Le choix d’un acteur relativement jeune (Dalton approche seulement de la quarantaine) peut contribuer à donner un second souffle à une série qui finissait par s’enliser dans des stéréotypes par trop outranciers (notamment au niveau de- l’auto-dérision pratiquée par Roger Moore sur son personnage). Si l’équipe technique est restée quasiment la même depuis près de vingt-cinq ans (eh oui, déjà!), Timothy Dalton incarne à lui seul le sang neuf dont avait bien besoin la série. Reste à espérer qu’il se montrera digne de son permis de tuer no 007, dans une époque où dominent les Chuck Norris, Schwarzenegger et autre Rambo…

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