Soyez original, aussi pendant la séance !

Dans toute pratique artistique, il Y a deux temps : celui de l’imitation et celui de l’originalité. Comme au patinage où les figures libres succèdent aux figures imposées ! Au début, il est logique de « copier » les styles que l’on aime. On va expérimenter le grand-angle à la Sieff, le flou sensuel à la Lindbergh, les déformations à la Bill Brandt, la proximité à la Jonvelle, les courbes à la Clergue, la frontalité à la Bauret, l’érotisme à la Newton …

Mais, une fois ce fil conducteur établi, il ne faut pas se contenter de « reproduire » des photos déjà faites. Alors, dès votre première séance, prenez quelques risques, sortez des sentiers battus. C’est ainsi que vous trouverez ensuite votre style (voir conseil n012). Pour ma part, cette prise de « risque » passe souvent par l’emploi de films particuliers ou d’objectifs spécifiques. Ainsi pour cette séance avec Bérénice, j’avais loué le 85 mm à bascule présent au catalogue Nikon (il y a son équivalent chez Canon en 24, 45 et 90 mm). Et j’avais décidé de faire un film infrarouge couleur Kodak (avec filtre jaune Wratten N°12 et un film Tungstène 320 T exposé tantôt à 100, 200 ou 320 ISO). Une idée que j’ai piquée au talentueux Massimo Capitanucci (voir RF 90), qui n’est hélas, plus parmi nous. J’avais aussi prévu de surexposer de 3 ou 4 diaphs un film diapo normal Fuji Provia 100, en flash de studio, pour créer une image blanche à la limite du visible. C’était ma façon de jouer sur la suggestion, le « voilé-dévoilé » cher à Marc Henri Cykiert (voir portfolio dans ce numéro), mais sans le recours aux vêtements …

Après la séance

couple en photo n&bLes photographes expérimentés le savent bien : après le temps de la prise de vue, vient le moment de l’éditing. Ce nom anglais, largement employé, signifie qu’il va falloir ne retenir que 5 à la % de ses images. Ce moment-là est capital, car ensuite vous ne montrerez plus que cette sélection (book, concours, expos, publications …) et une photo « oubliée » aura bien peu de chance d’être repêchée. Qui se replonge dans ses « rebuts » quand les images s’amoncellent sur l’ordinateur ou dans les classeurs ?
Bref, il ne faut pas se planter lors de l’éditing, mais il ne faut pas non plus conserver trop d’images qui vous obligeront à refaire d’autres éditings à chaque fois que vous chercherez une photo ! Mon conseil est donc de s’astreindre au début à un nombre de photos à garder. Commencez par une première sélection, à chaud, de 50 à 100 photos. Puis affinez votre sélection jusqu’à conserver deux choix: le choix n01 (entre la et 20) et le choix n02 (de même quantité). Pour arriver à cette double sélection, je pense qu’il faut au moins six mois ! Eh oui, comme le bon vin, les .photos doivent dormir quelque temps pour livrer tout leur potentiel. Quand vous aurez oublié les circonstances de la prise de vue, vous serez un meilleur juge de votre travail. Vous pouvez aussi demander de l’aide à vos amis-photographes. Mais ne comptez pas trop sur le modèle. Faites-lui choisir quelques photos parmi les 5 a ou 100 du premier éditing en guise de cadeau mais c’est au photographe ci’ affirmer ses choix d’auteur …

Le plus dur commence…

Bien sûr, on ne construit pas un travail sur une ou deux séances de pose. C’est en forgeant que l’on devient photographe, vous le savez bien, et il vous faudra donc multiplier les séances de prises de vue pour espérer un jour disposer d’un dossier apte à séduire un jury de festival ou une rédaction de magazine. Mais, là bien vite, il va falloir se poser la question essentielle, celle qui départage les photographes du « dimanche » et ceux qui ont d’autres aspirations : comment recommencer sans me répéter? Comment trouver un style, une écriture photo? Car c’est bien là le défaut de bon nombre de photographes de nus qui accumulent les séances et les images sans se préoccuper d’une vision d’ensemble.
Un bon truc est de trouver un titre à vos photos, comme si vous faisiez un livre, et de chercher à compléter cette thématique au fur et à mesure des prises de vue. Car aujourd’hui, en photo, la technique est assez simple et, grâce à Photoshop (recadrage, accentuation, courbes …), on arrive vite à des résultats « corrects ». La différence entre photographes va donc se jouer sur un autre terrain: celui de la personnalité, de l’originalité, de la précision … Et c’est là que le plus dur commence : quand on quitte les rives de l’imitation pour devenir un artiste …

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