Rocky 4 contre le Soviet

Les deux chefs d’État sortent la tête basse. Le sommet de Reykjavik vient d’échouer. Reagan remballe son sourire hollywoodien et Gorbatchev ne laisse même pas à sa femme le temps de «piller» le plus grand supermarché islandais. Point de missiles Pershing ou de guerre des étoiles au centre du conflit. Le seul et unique responsable de cet échec aux dimensions planétaires est Sylvester Stallone en personne, surnommé le trouillard de la côte d’Azur. L’affaire débute un soir de première au célèbre théâtre chinois d’Hollywood. Sous le couvert d’une activité légale de critique cinématographique, un agent du KGB assiste à la projection de «Rocky 4».Rocky 4 contre le Soviet L’espion découvre avec effroi que Stallone y défie un boxeur soviétique et réussit même à… (non, je ne vous raconterai pas la fin du film). Sans plus tarder, il s’empare frauduleusement d’une copie de l’œuvre inoubliable et l’expédie par le premier navire US à destination de Moscou via Téhéran (eh oui, le paquet est planqué dans le stock d’armes pour Khomeiny). Inutile de décrire la réaction violente du chef du Kremlin lorsqu’il visionne le film. S’il avait été obligé de regarder pendant huit heures d’affilée les programmes de la 5, il ne serait pas dans un état différent. La rage passée, il décide de contre-attaquer. Après l’affront de «Rambo 2» (Delta Vidéo) où le héros ridiculise déjà l’armée soviétique, c’en est trop. Il faut affronter les Américains sur leur propre terrain. Gorbatchev contacte lui-même les studios Mot-films et leur commande une production qui doit susciter une énorme réaction à la mauvaise propagande de l’infâme Stallone. C’est Mikhaïl Toumanichvili, le propre fils d’Andreï Gromyko, qui réalisera «Le Soviet, la revanche». Il ne reste plus qu’a trouver un acteur à la dimension du projet. On apprend que Chukev Norrisov est en vacances en Sibérie, qu’Arnoldov Schwarzeneggerowsky poursuit des études d’ingénieur nucléaire à Tchernobyl et que Sylvesterov Stallonov fait son service militaire à bord d’un sous-marin près de Cuba. Seul Mikhaïl Nojkine, star reconnue dans son pays, est libre. Quelques semaines de culturisme et l’affaire est dans le sac, les caméras peuvent tourner. Dans le même temps, les alliés des États-Unis réagissent : la France oublie Deauville et propose un festival du cinéma soviétique à Bécot-let-Granits, l’Italie envoie Aldo Mac-clone pour négocier et l’Angleterre nomme Benny Hill au poste de ministre de la Culture. Rien n’y fait. «Le Soviet» connaît un énorme succès en Urss. Depuis quelques semaines, la situation semble pourtant avoir évolué vers un statu quo. Reagan serait en train de faire pression sur Stallone pour que l’action de «Rambo 3» ne se déroule pas en Afghanistan. De son côté, Gorbatchev serait prêt à offrir un Boeing sud-coréen à André( Sakharov pour son anniversaire. En France, «Rocky 4» (Warner) et «Le Soviet» (Zeed Production) sortent au même moment en vidéo (voir chroniques en pages nouveautés) et chacun pourra se rendre compte de l’impact idéologique des deux films. Et rêver d’un seul et même film où les deux héros s’affronteraient. Comme dirait Jack Lang, allons z’idées…

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