Michel Denisot

Michel DenisotDans quelques semaines. TF1 va officiellement être privatisée. Que doivent vous proposer ses nouveaux dirigeants pour que vous y fassiez votre grand retour?

Je n’ai pas de grand retour à faire parce que je ne suis pas éloigné. Je ne suis pas certain qu’en quittant Canal + je trouverais quelque chose d’important. J’ai déjà eu des propositions qui restent hypothétiques pour l’instant. Ce que je vis à Canal + est très fort et il faudra que l’on me fasse de sacrées propositions pour que je parte.

L’audience de Canal + vous suffit-elle?

On peut mettre n’importe qui à 20 h 30 sur TF1 ou Antenne 2 et il aura de l’audience. Ce n’est pas un critère de choix pour moi. C’est un peu démodé de faire une course à l’audience à tout prix. Cinq millions de téléspectateurs par jour pour «Zénith», c’est un très bon score, non? Je n’envie personne. Les émissions « attrapetout» sont complètement périmées, archaïques et démodées avec la multiplication des chaînes, je crois aux émissions ciblées.

Avec «Zénith», vous cherchez donc à séduire un public jeune?

Je ne cherche rien. Après études, nous avons appris que notre public était constitué de jeunes de 15-30 ans, à 70%. Cela me permet d’avoir des exclusivités avec des artistes comme Elton John OU Tina Turner, dans la mesure où les maisons de disques et les gens de cinéma ont compris que nous touchions une population ciblée de gens qui consomment des biens culturels.

Vous n’avez pas fait partie des six animateurs de l’émission sur les 50 ans de la télévision. Aviez-vous senti le «traquenard»?

Pas du tout, ce n’était pas prémédité. J’étais en Chine à ce moment-là. Je n’ai même pas vu l’émission.

Justement, vous avez emmené Michel Berger, France Gall et Jean-Jacques Goldman en Chine. Les stars n’étaient pas libres?

Je ne sais pas ce qu’il vous faut. Goldman a été, en 86, le chanteur qui a vendu le plus de disques. Je ne voulais pas prendre des gens qui étaient en période de promotion. Je voulais des gens à la fois curieux, populaires et qui correspondent à l’image de l’émission. J’attends vos suggestions.

Si je vous dis Pierre-André Rouscure, à qui pensez-vous?

(Rires). A deux personnes qui sont responsables du succès de Canal +. André Rousselet est un président qui nous a toujours fait confiance et qui a été un battant dans la période la plus difficile de la chaîne. Lescure est le capitaine de l’équipe. Ce n’est pas un hasard si Stratégie et Communication et Business l’ont désigné comme l’homme des médias de l’année 86.

Le 7 d’or pour Charles Biétry vous revenait en partie, non?

Non. Il est responsable des sports sur Canal + et cette distinction lui a été décernée pour toute son œuvre, même si nous faisons ensemble les directs de football. J’ai simplement partagé son plaisir.

Vous êtes devenu propriétaire, avec Michel Platini et Charles Biétry, du magazine de football Mondial, est-ce une danseuse rentable?

Michel Denisot 2Ce n’est pas une danseuse. Nous l’avons repris pour en faire un prolongement écrit et illustré de ce que nous faisons à Canal + en matière de football. Nous y travaillons très sérieusement et les résultats sont là. C’est rentable, oui… Je vous avais rencontré en mars 84, et vous étiez en plein dans «Champions».

Comment a évolué votre rôle d’animateur depuis cette période?

Ça me paraît très loin. , l’aventure de Canal + est tellement forte qu’elle occulte le passé. Je me sens mieux dans ma peau professionnellement. Travailler avec une équipe assez réduite et disposer de beaucoup de liberté m’a permis de m’épanouir. J’ai trouvé ma place.

Vous souhaitiez être un révélateur de talents tant en musique qu’en cinéma.Est-ce toujours cas ?

C’est encore plus valable aujourd’hui dans la mesure où nous avons une très grande autonomie dans la conception de «Zenith». Je vous donnerai l’exemple de Sandrine Bonnaire qui a participé à une émission bien avant qu’elle n’obtienne son César et qu’elle ne soit célèbre. La seule règle de «Zénith», c’est l’humour et t’actualité.

Enregistrez-vous vos émissions en vidéo?

Quand on fait des émissions quotidiennes, on n’a pas le temps. J’utilise très peu mon magnétoscope.

Pensez-vous, comme Jack Lang, que la CNCL (Commission nationale de la communication et des libertés – NDLR) est le Soviet suprême des militants RPR de l’audio-visuel?

En dehors de toute considération politique, je regrette que cette commission soit constituée de gens plutôt âgés. Il faudrait qu’il y ait quelques jeunes de 20 ans, par exemple. La cohabitation, ça doit être ça aussi.

Après la Chine, à quand un «Zénith» au Burkina-Faso ou aux Nouvelles-Hébrides ?

Le prochain «Zéniths» à l’étranger se fera au pôle Nord fin 87 pour le tournage d’un film. En effet, l’expérience en Chine nous a permis de montrer un tournage, en l’occurrence «Le palanquin des larmes», sous un jour nouveau. Nous croulons maintenant sous les propositions. Nous avons un projet en Irlande et un autre en Bolivie. La structure de Canal + permet de réagir vite et bien à l’actualité. Quand TF1 diffuse le spectacle de Mireille Mathieu en Chine, ça fait plus d’un an que la chanteuse est rentrée en France.

Jean-Marie Cavada au poste de directeur général d’Antenne 2, est-ce un bon choix d’après vous?

C’est logique. Les journalistes ont une vision globale de la télévision qui ne se limite pas à l’information. Je suis content quand je vois que des gens qui font le même métier que moi accèdent à de hautes responsabilités. Je préfère les journalistes aux gestionnaires énarques. Je suis pour les gens du bâtiment.

Quand vous ne travaillez pas, que faites-vous?

Ah (sourire).., en dehors de «RTL Cinéma», de Mondial, de «Zénith», des directs de football et d’un projet de mensuel de cinéma appelé Studio, je passe les moments qui me restent avec ma femme et mes deux filles.

De toutes les vedettes que vous avez reçues, laquelle vous a le plus fasciné et laquelle vous a le plus déçu?

Michel Denisot 3Je cherche surtout à être étonné. L’image de Béatrice Dalle m’a explosé au visage, mais c’est surtout Coluche qui était le plus impressionnant. Il arrivait à étonner tous les jours, c’était un génie. En ce qui concerne les déceptions, je ne citerai pas de noms en particulier. Je peux vous dire simplement qu’il existe souvent un décalage entre les personnages de cinéma ou de scène et les individus eux-mêmes. J’adore que mes a priori soient bousculés. Par exemple, Sheila n’a pas hésité à dire qu’elle ne remplissait pas le Zénith. D’autres artistes préfèrent tomber malade…

Il y a eu les manifs d’étudiants, la grève de la SNCF et celle de l’EDF. A quand une manif des animateurs TV?

Ce serait vraiment grotesque de nous plaindre de notre sort. C’est une profession tellement individualiste que je ne vois pas pourquoi nous défilerions ensemble. Pour revenir à des considérations plus sérieuses, il faut que les responsables de l’État comprennent enfin que les clivages droite-gauche n’intéressent plus personne. Les jeunes n’en ont plus rien à foutre.

Que peut-on vous souhaiter pour 87?

Que 87 soit une confirmation de 86, qui a été ma meilleure année sur le plan professionnel. Pour le reste, je n’arrive pas à faire de projets. Je ne suis à l’aise qu’en état d’urgence. Je suis libre…

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